Plusieurs obstacles nuisent à l’intégration des personnes assistées sociales au marché du travail. Certaines sont incapables de travailler à cause de problèmes médicaux. D’autres ont des conditions de vie difficiles et défavorables à l’emploi : scolarisation incomplète, faible niveau de lecture, lourdes responsabilités familiales. De plus, elles rencontrent souvent des barrières : rejet des employeurs, emplois limités, sous-qualification, programmes d’insertion non adaptés. Plusieurs réussissent à trouver un emploi, mais peinent à le conserver. Elles restent prises dans le cercle vicieux « aide sociale-emploi-chômage-aide sociale ». Sortir de l’aide sociale constitue un véritable défi.
Un dilemme risqué
De nombreuses personnes assistées sociales rencontrent des problèmes qui les empêchent d’occuper un emploi à temps plein. Travailler à temps partiel ne constitue toutefois pas une solution viable.
Occuper un emploi à temps partiel au salaire minimum leur procure des gains financiers mineurs, en plus d’engendrer des dépenses supplémentaires et de les priver, dans bien des cas, de ressources indispensables à leur santé et à celle de leur famille.
Témoignages
« C’est vraiment difficile dans tout. Je suis vraiment bloquée, je tourne en rond, j’essaie de m’en sortir. »
« S’il faut que je change mes lunettes, ou si j’ai des problèmes dentaires, je serai plus couvert. Si j’ai des problèmes juridiques, il va falloir je me paie un avocat… Il va-tu falloir que je quitte mon emploi pour retourner sur le B.S. pour avoir droit à ces services-là encore? Il y a ça aussi, qui devient comme un enjeu, pour moi. »
Le recours aux programmes d’assistance sociale donne un accès minimal à ces ressources indispensables
- Médicaments
- Soins dentaires
- Alimentation des nourrissons
- Frais scolaires
- Examen de la vue, lunettes ou verres de contact
- Transports médicaux
- Frais de séjour pour problèmes de toxicomanie
- Maison d’hébergement pour victimes de violence
- Frais funéraires
- Assurance en cas d’incendie ou de catastrophe naturelle
Frais qui s’ajoutent lors d’un retour en emploi :
- Transport
- Frais de garde
- Vêtements de travail
Un 200 $ coûteux
L’aide sociale n’aide pas à la transition vers l’emploi. Au-delà de 200 $ gagné, chaque dollar supplémentaire est déduit de la prestation du mois suivant.
Et pourtant, l’expérience montre qu’avec un meilleur revenu, les personnes réussissent davantage à quitter l’aide sociale.
Témoignages
« J’ai accepté peut-être d’être dans une chaise roulante, mais je n’ai pas accepté de vivre dans l’aide sociale. Il y a aussi quelque chose dans l’aide sociale qui est difficile à cerner et c’est comme si ça nous condamnait à rester dans l’aide sociale. »
« Si tu t’en vas travailler, on te déduit l’argent de ton aide sociale, alors que tu n’es pas capable de travailler comme une personne normale […] Le gouvernement te pénalise d’avoir fait l’effort de sortir de l’aide sociale et ça, c’est vraiment très, très difficile pour nous. »
« Admettons que je retourne sur le marché du travail, ça va tu marcher la job? […] Après deux semaines, si l’employeur fait : « ah, monsieur Robert, vous faites plus l’affaire, on vous met à la porte », va falloir que je fasse une autre demande d’aide sociale. Est-ce qu’ils vont me mettre tout de suite inapte, ou bien ils vont me considérer apte parce que j’ai travaillé? C’est un gros processus, pis, comme on dit, pensez-y-bien aussi. »
« L’hôpital Sainte-Justine m’a appelée en janvier pour retravailler là. Mais avec les heures de jour, de 7 à 3 et demi, avec le CPE, c’est impossible, en autobus. Ça fait que, même si je voulais retravailler là, pour le déplacement, je peux pas. Pis mon enfant va passer avant, c’est sûr. »