Le Québec est une société riche. Toutefois, la pauvreté y perdure et les inégalités socioéconomiques y sont importantes. Bon an mal an, ce sont environ 800 000 personnes, soit 1 personne sur 10, qui sont incapables de subvenir à leurs besoins de base.

Mesurer la pauvreté

La Mesure du panier de consommation (MPC) est utilisée par le gouvernement du Québec afin de mesurer la pauvreté. Elle correspond au revenu dont doit disposer une personne ou une famille pour couvrir ses besoins de base.

Pour les personnes seules qui sont considérées sans contraintes à l’emploi, les prestations d’aide sociale et les crédits d’impôts ne couvrent que la moitié des besoins de base. Elles restent ainsi dans un état constant de pauvreté.

Pour une personne seule vivant à Montréal, ce panier comportait en 2021 :

  • Alimentation = 371 $
  • Logement = 833 $
  • Transport = 204 $
  • Vêtements = 45 $
  • Autres nécessités = 338 $

Impact COVID-19

La pandémie a entrainé une hausse du prix du panier d’épicerie à laquelle n’ont pas pu répondre les banques alimentaires. Aucune aide gouvernementale supplémentaire n’a été apportée aux personnes assistées sociale, malgré la fermeture des services et des ressources dont elles dépendent quotidiennement pour leurs besoins de base. Cette crise sociosanitaire a mis en évidence les maillons faibles de notre filet social.

Un défi quotidien

Les prestations d’assistance sociale ne suffisent pas pour couvrir les besoins de base. Établir et respecter les priorités budgétaires devient un défi quotidien. Les personnes assistées sociales doivent alors faire des choix déchirants ou, pire, n’ont aucun choix.

Témoignage

« [Être à l’aide sociale,] c’est chercher de l’aide alimentaire, c’est chercher des ressources pour les vêtements, comme ici dans le centre de violence conjugale. Ou avec d’autres mères, s’échanger des vêtements. Pareil pour les jouets, pareil pour tout. Il faut trouver des ressources constamment. »

Céline

La liste du frigo

Avec beaucoup de débrouillardise, Cynthia vient de réussir à payer son loyer (650 $) et sa nourriture (165 $) pour le mois. Il ne lui reste que 13 $. Elle doit donc renoncer à plusieurs dépenses :

  • 650 $ loyer
  • 165 $ nourriture
  • Il me reste 13 $
  • 35 $ sortie mensuelle avec-papa
  • 300 $ traitement d’orthodontie
  • 89 $ passe mensuelle d’autobus
  • 15 $ sortie au cinéma avec sa meilleure amie
  • 85 $ physiothérapie pour douleurs au dos
  • 15 $ sortie au cinéma avec Cécile

Objets de pauvreté

En 2002, le Collectif pour un Québec sans pauvreté a demandé aux personnes de son réseau de lui envoyer un objet représentant ce que c’est que de vivre dans la pauvreté. Cette étagère présente plusieurs témoignages tirés de cette collection d’objets. Elle vous offre un aperçu du vécu des personnes en situation de pauvreté.

Un casse-tête

« J’ai choisi cet objet parce que chaque fin de mois, pour des personnes en situation de pauvreté, c’est un éternel casse-tête. Et au cours du mois aussi! »

Blaise

Un sac de pain vide

« La pauvreté, c’est être en survie, c’est compter les tranches de pain à la fin du mois. Mais par-dessus tout, comme si ce n’était pas assez, imaginez une "beurrée de préjugés" à avaler chaque jour. Être pauvre, c’est manquer du nécessaire et perdre sa dignité. »

Martine

Des ciseaux

« J’ai choisi cet objet parce que la pauvreté, c’est un tas de coupures : dans le nécessaire, dans les loisirs, dans la culture, dans l’éducation, dans la fierté. »

Richard

Une ampoule

« Je dépense beaucoup d’énergie à trouver de nouvelles idées, des alternatives pour boucler mon budget déjà trop serré. »

Suzanne

Un élastique

« J’ai choisi cet objet parce que quand on vit de la pauvreté, on étire tout : le linge des enfants, la sauce à spaghetti, le chauffage qu’on part le plus tard possible. Un jour, le stress devient tellement grand qu’on craque, on pète comme un élastique. »

Manon

Une bottine

« J’ai choisi cet objet parce que comme militante auprès des personnes en situation de pauvreté, je les vois user leurs souliers jusqu’à la corde à chercher à s’en sortir. »

Yolande

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